CE QUE NOUS AVONS APPRIS :
Le mode de culture des plantes et des fleurs, est le principal facteur de variation de l’empreinte carbone des produits. En effet, le chauffage des serres représente la majeure partie des émissions de GES. À titre d'illustration , les 12 % de fleurs, issues de serres chauffées représentent près de 50 % de notre empreinte carbone totale. Le lien entre serre chauffée et empreinte carbone n'est donc plus à prouver. Comment faire ? Il faut impérativement travailler sur notre stratégie d’approvisionnement, pour diminuer ce chiffre de toute urgence ! Mais avec cette solution, une autre problématique s'impose : l'hiver, il est encore difficile d'imaginer pouvoir remplacer ces fleurs du jour au lendemain, tout simplement parce que les alternatives possibles, ne sont pas encore disponibles en quantités suffisantes. En revanche, malgré ces limites, il est de notre devoir d'agir à notre échelle, pour contribuer de manière plus positive à ces changements nécessaires dans l'industrie.
CE QUE NOUS VOULONS FAIRE :
Que faire ? Tourner le dos à ces fleurs et laisser d’autres les vendre à notre place ? Abandonner ces producteurs avec lesquels nous travaillons depuis 5 ans ? Proposer une sélection de seulement quelques fleurs issues de production en serre froide (renoncules, anémones, tulipes) pendant les mois d' hiver ? Limiter notre offre pendant les redoutables changements de saison lorsque les fleurs d'hiver n'ont pas encore commencé et que les fleurs d'été ne sont plus disponibles ? Les réponses à ces questions, ne sont pas évidentes et les solutions encore moins à portée de main.
Plutôt que le repli, ou pire le déni, c’est ensemble que nous devons trouver les solutions pour faire évoluer la production de fleurs vers la neutralité carbone. Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs déjà mis en place des leviers pour sortir du tout gaz. Panneaux solaires, raccordement au réseau de chaleur, géothermie, générateur WKK... Comment intervenons-nous ? Notre rôle est de les pousser à aller toujours plus loin et toujours plus vite, dans cette démarche. Les serres chauffées doivent dans 10 ans, n'être plus qu'un lointain souvenir. Une solution à la limite de l’utopie ! Mais c'est possible !
Comment peut-on y parvenir ? Elle demande de travailler l’hiver avec des producteurs du Sud de l’Europe (trop peu nombreux aujourd'hui), qui grâce à un climat méditerranéen adapté, peuvent faire pousser sans chauffage une grande partie de nos fleurs. Cependant, cette stratégie creuse l’éloignement entre nos ateliers et les fermes horticoles, augmentant par conséquent l'empreinte carbone de la partie transport. Il y a donc un subtil équilibre à trouver entre proximité, saisonnalité et besoin en énergie. Un objectif qui, vous l’aurez compris, est tout l'intérêt de ce rapport…
Enfin, de notre côté, des mesures concrètes ont été prises notamment sur la réduction du nombre de fleurs utilisées pour chaque bouquet. Ex : pour un bouquet qui comprenait 4 roses issues de serre chauffée en hiver en 2021, nous passons en 2022 à 3 roses. Mécaniquement, nous baissons déjà de 25 % notre empreinte carbone en procédant ainsi.
ZOOM SUR LA PRODUCTION FRANÇAISE :
Si l'on se concentre uniquement sur la production française, nous savons que la filière emploie actuellement 1 200 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 78 millions d’euros. D’après les données de l’Observatoire structurel des entreprises de production réalisé par AND International, pour FranceAgriMer, on estime en France à 343 le nombre d’entreprises spécialisées dans la production de fleurs coupées (soit 12 % des entreprises horticoles et de produits de pépinière). Quelles sont les régions qui détiennent la palme d'or ? PACA, Pays de la Loire et Bretagne sont aujourd'hui les petits coins de France, où l'on produit le plus de fleurs coupées. Entre 2011 et 2019, la production de fleurs coupées a malheureusement perdu environ la moitié de ses entreprises, de son chiffre d’affaires et de ses emplois. Plus concrètement, pour vous donner une idée de ce que représente la surface totale de production en France, il faut avoir en tête qu'elle occupe seulement 622 hectares, soit à peine plus qu'une seule exploitation céréalière.
Les producteurs français ont besoin d'aide, et il est de notre devoir de participer à la restructuration de la filière. Elle doit redoubler d'efforts pour recruter et développer ses capacités de production, un élément dont tous les acteurs du secteur doivent simplement avoir conscience. C'est un fait, les capacités à produire actuelles, sont largement insuffisantes pour remplacer les cultivateurs étrangers du jour au lendemain. Les changements se font timidement et le chemin à parcourir est encore long, mais nous n'avons aucun doute sur les bénéfices que le secteur pourra en retirer.